La conciliation médicamenteuse est une méthode puissante d'interception des erreurs médicamenteuses et de prévention de l'iatrogénie médicamenteuse.
Selon sa définition  (Collège de la HAS en mars 2015 consécutive à l'expérimentation Med'Rec  menée en France dans le cadre de l'Initiative des High 5s, OMS ) il s'agit d'un "processus formalisé qui prend en compte, lors d'une nouvelle prescription, tous les médicaments pris et à prendre par le patient. Elle associe le patient et repose sur le partage d'informations et sur une coordination pluriprofessionnelle. Elle prévient ou corrige les erreurs médicamenteuses en favorisant la transmission d'informations complètes et exactes sur les médicaments du patient, entre professionnels de santé aux points de transition que sont l'admission, la sortie et les transferts."
 

Depuis décembre 2016, la conciliation médicamenteuse est devenue une nouvelle mission des pharmacies des établissements de santé.


En 2016, opportunité, challenge et volonté sont réunis au CHMS pour démarrer cette activité aux urgences, service particulièrement concerné par cette problématique d'erreurs médicamenteuses.

Le Dr Anne Thomas, pharmacienne au CHSM travaille au sein du service des urgences de Chambéry. Voici les résultats de son étude qu’elle a mené au sein du service avec le Dr Florent Heraud, médecin urgentiste.

Résumé

Les services d’urgence font partie des services les plus à risque en termes de sécurité de la prise en charge médicamenteuse pour des raisons multiples (interruptions de tâches, pression du flux, pathologies variées…). Pour autant, la présence pharmaceutique y est très faible. L’objectif de cette étude est d’évaluer les résultats de 30 mois de conciliation médicamenteuse  par un pharmacien senior posté à temps plein aux urgences.

Matériel et méthodes

Il s’agit d’une étude observationnelle mono centrique prospective. Sont inclus tous les patients de plus de 75 ans, ainsi que les patients de moins de 75 ans polymédiqués ou pour lesquels le clinicien sollicitait l’aide du pharmacien. Le pharmacien effectue la conciliation médicamenteuse selon les préconisations de la SFPC. Cette conciliation est faite de façon pro-active  avant la prescription initiale par l’urgentiste) ou rétro active après la prescription initiale par l’urgentiste. Les erreurs médicamenteuses ou divergences non intentionnelles (DNI) sont immédiatement corrigées. Elles sont caractérisées et classées selon le niveau de risque des médicaments concernés. La gravité potentielle de la DNI est évaluée.

Résultats

Au cours des trente mois, 1727 patients ont bénéficié d’une conciliation médicamenteuse. Trente-deux pour cent des patients conciliés ont au moins une DNI. Dans les situations d’omission de traitement ou d’erreur de dose, 29 % des patients sont concernés par une spécialité à haut niveau de risque. Ces spécialités appartiennent pour 89,5 % aux antiagrégants, anticoagulants, antidiabétiques ou bêta-bloquants dans l’indication de l’insuffisance cardiaque post IDM.

Voir les résultats: https://drive.google.com/file/d/1_iGG6MsKsdsEcLNSx_iBBUBlUpSs_m4X/view?usp=sharing

Conclusion

La conciliation médicamenteuse aux urgences diminue les divergences non intentionnelles concernant les spécialités à haut risque. Le mode proactif est plus efficient car il évite les DNI en amont de leur prescription.

Dr Anne Thomas Dr Florent Heraud